Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/466

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est ce qu’affirme M. Lepelletier de Saint-Rémy ; il dit :

« Tandis que les publicistes agitaient la question de savoir quel parti il conviendrait à la France de prendre en redevenant maîtresse de la colonie, celui qui traçait au général Leclerc jusqu’au mode du débarquement de ses troupes, lui donnait pour instructions verbales, mais formelles, de rétablir l’ancienne organisation coloniale aussitôt la pacification opérée[1]. »

Précédemment, le même auteur avait dit :

« On sait le mot du Premier Consul ; ayant demandé en prenant le pouvoir, sous quel régime les colonies avaient le plus prospéré, il lui fut répondu que c’était sous celui en vigueur au moment où avait éclaté la révolution : « Alors, qu’on le leur applique de nouveau, et au plus vite, répondit-il[2]. »

Cependant, dans l’exposé de la situation de la République, présenté le 23 novembre par le conseiller d’État Thibaudeau au corps législatif, il était dit :

« À Saint-Domingue, des actes irréguliers ont alarmé la soumission. Sous des apparences équivoques, le gouvernement n’a voulu voir que l’ignorance qui confond les noms et les choses, qui usurpe quand elle ne croit qu’obéir ; mais une flotte et une armée qui s’apprêtent à partir des ports de l’Europe, auront bientôt dissipé tous les nuages, et Saint-Domingue rentrera tout entière sous les lois de

  1. Cet auteur ajoute dans une note : « Nous tenons ce fait de l’un des officiers généraux de l’armée, glorieux débris de l’expédition de 1802, et auquel Leclerc en avait fait la confidence.  » T. 1er p. 191. Dans ses mémoires, Fouché attribue l’expédition principalement à Malouet, Fleurieu, (deux conseillers d’Etat) et tout le parti des colons. « On décida, dit-il, qu’après la conquête on maintiendrait l’esclavage, conformément aux lois et règlemens antérieurs à 1719, et que la traite des noirs et leur importation auraient lieu suivant les lois existantes à cette époque. »
  2. Tome 1er, page 92.