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la pousse avec vigueur et célérité ; qu’elle soit terrible pour qu’elle soit de courte durée…

« Il ne m’appartient pas d’examiner quel est le régime qui convient aux colonies… L’Africain ne sait pas raisonner l’obéissance ; il regarde son chef, obéit s’il lui en impose, s’en moque s’il ne lui fait pas peur… Il ne cesse pas d’être homme, il ne peut donc pas cesser d’être libre… Dans tous les systèmes (à choisir), il est deux points sur lesquels on ne peut trop insister… L’un est la réhabilitation politique des blancs, marqués aujourd’hui à Saint-Domingue d’un sceau d’infamie plus honteux encore que celui dont le préjugé frappait autrefois les hommes de couleur ; le second est l’expulsion de la colonie de ceux qui en ont usurpé tous les pouvoirs… Saint-Domingue appartient au peuple français et non à un peuple d’Afrique… C’est à la République à examiner si, après avoir donné des lois à tous les monarques de l’Europe, il convient à sa dignité d’en recevoir dans une de ses colonies d’un nègre révolté… Quels moyens peut y trouver la métropole d’y établir son autorité sur des chefs qui, ne tenant à elle ni par les liens du sang, ni par l’éducation, ni par les principes, ne verront en elle qu’une puissance toujours prête à les asservir, et dans les Européens qu’une race secrètement ennemie… Croit-on qu’une immense multitude d’une race absolument différente de la nôtre par ses habitudes, son caractère, ses préjugés et sa constitution physique et morale, s’identifiera assez fortement avec une métropole éloignée d’elle de deux mille lieues, et qu’elle ne connaîtra que par les gênes auxquelles elle voudra l’assujétir ?… Il faut avant tout, que tous les chefs actuels sortent de la colonie ; car, tant qu’ils y seront, leur volonté sera plus puissante que la loi. Il y aura des soldats