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rent à Santo-Domingo que dans les premiers jours de juin 1800, porteurs de la proclamation des consuls aux habitans de Saint-Domingue, qui déclarait aux noirs que les principes sacrés de la liberté et de l’égalité n’éprouveraient jamais aucune atteinte ni de modification. La même proclamation leur répétait les paroles que l’arrêté consulaire, qui nommait ces trois agens, ordonnait d’écrire sur les drapeaux des corps de troupes. T. Louverture, enfin, était confirmé dans son grade de général en chef, et Rigaud presque vaincu déjà, condamné dans sa rébellion.

Il avait suffi de ces deux actes pour exciter les clameurs de la faction coloniale en France. À ce sujet, dans son Histoire du consulat et de l’empire, Thibaudeau dit :

« Les colons qui, depuis le 18 brumaire, comptaient sur une prompte réintégration dans leurs propriétés et sur l’esclavage des noirs, furent frappés de consternation en lisant la proclamation du Premier Consul (publiée sur le Moniteur). Il essaya de les rassurer par des articles de journaux. La garantie de la propriété des colons et de la liberté des noirs paraissait alors être son système ; mais il n’était guère possible désormais de concilier ces deux principes ; les colons du moins ne le croyaient pas et voulaient qu’on rétablît l’esclavage[1]. »

Le Moniteur du 15 nivôse an viii (5 janvier 1800) publia en effet un article pour les rassurer. Il disait, entre autres choses :

« Il était facile de concevoir que la révolution du 18 brumaire ne pouvait, par sa nature, par son objet, par les

  1. Tome 3, p. 105. Thibaudeau avait été membre de la convention nationale et de la commission qui entendit les débats entre les colons et les commissaires, civils. Sous le consulat, il était conseiller d’Etat.