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contre ses frères, nous lancerions l’anathème contre sa mémoire. Ces faits douloureux sont la preuve la plus sanglante de cette réaction. Nous appelons l’anathème de la postérité contre cette indigne mémoire !


Moïse n’avait pas été envoyé au cachot pour y rester prisonnier d’État. Le gouverneur composa un conseil de guerre, dit-on, sous la présidence du général Pageot, ce blanc dont nous avons fait l’éloge en 1793, quand d’autres officiers français trahirent la cause de leur patrie. Il avait toujours continué d’être un homme honorable. Que se passa-t-il réellement à l’égard de l’accusé ?

Nous avons sous les yeux le texte de quatre auteurs, sur cette affaire.

Pamphile de Lacroix dit seulement que « Moïse fut livré à une commission militaire, et fusillé comme coupable de négligence dans l’exercice de ses fonctions.[1] »

M. Hérard Dumesle dit que « Moïse fut livré au jugement d’un premier conseil qui le renvoya absous ; mais que T. Louverture fit convoquer un autre conseil auquel il dicta son arrêt de mort qui fut exécuté au Port-de-Paix[2]. »

M. Saint-Rémy prétend que « traduit devant un conseil de guerre, séant au Port-de-Paix, Moïse se défondit avec une merveilleuse clarté : et comme on ne pouvait rien préciser contre lui, il fut acquitté. Mais cet acquittement ne convenait pas aux vues de Louverture. Il arrive au Port-de-Paix, fait casser le jugement, convoque un autre conseil de guerre qu’il préside en per-

  1. Mémoires, t. 2, p. 30.
  2. Voyage dans le Nord d’Haïti, p. 181.