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toujours produire d’immenses richesses, ainsi qu’elles faisaient lorsque le travail était forcé par l’esclavage[1]. Donnez-leur une population plus nombreuse, cultivez, développez l’intelligence des noirs, laissez au temps son action sur la civilisation des masses, et vous aurez de nouveau des produits considérables.

Nous ne terminerons pas cette digression, sans regretter que la commission spéciale, créée en 1840, en France, pour faire un rapport sur la question de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, n’ait pas eu en sa possession les divers règlemens de culture et les autres actes de T. Louverture sur cette matière, que nous avons successivement produits, afin d’en parler en connaissance de cause. Dans ce rapport si remarquable, rédigé par l’homme d’État éminent qui la présidait[2], il a été dit : « Il est bon de remarquer que, en 1801, les propriétés des colons n’étaient point confisquées, que ceux d’entre eux qui avaient survécu aux troubles civils se trouvaient encore sur leurs habitations, et qu’ils sont représentés comme vivant paisibles, et très-efficacement protégés par l’administration de Toussaint. On serait donc tenté de penser, en voyant une telle réduction dans les exportations de la colonie, que son état n’était pas aussi prospère, sous cette administration, que le prétendent le général Pamphile de Lacroix et le colonel Malenfant. »

En effet, ces deux auteurs se sont accordés pour repré-

  1. De là l’accusation injuste portée par M. Thiers, contre la paresse ignoble des noirs. Dans le moyen-âge, l’industrie, le travail des blancs en Europe, ètaient-ils ce qu’ils sont aujourd’hui ? Tous les peuples passent par des degrés avant d’arriver à la civilisation : les lumières en sont le véhicule le plus puissant.
  2. M. le duc de Broglie.