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vernement consulaire, ni de la part des troupes qui n’y comprenaient pas grand’chose, ni de la part du peuple. Dans cette scène, B. Borgella n’était pas d’ailleurs, l’acteur qu’il fallait applaudir.

Le Cap avait toujours pour maire, le noir Cézar Thélémaque dont nous avons déjà parlé, Martiniquais qui, après une longue résidence en France, était venu se fixer à Saint-Domingue : c’était un homme de beaucoup de sens et très-dévoué à la mère-patrie ; il lui répugnait, comme à tous les autres fonctionnaires, de voir prendre de telles mesures sans autorisation préalable du gouvernement français. Personne n’ignorait que le colonel Vincent, Pascal et bien d’autres avaient tenté de détourner T. Louverture de cette infraction à la constitution de l’an 8, que lui et l’assemblée centrale interprétaient de mauvaise foi. Si, encore, ils s’étaient bornés à ne faire de cet acte que l’objet d’un vœu, d’une proposition pour la législation du régime intérieur de la colonie, ils auraient eu, sans nul doute, l’assentiment général de tous ces hommes qui devaient profiter de ses dispositions ; mais l’exécuter tout d’abord, c’était manquer au respect dû à l’autorité souveraine de la France sur sa colonie.

Ce discours explicatif, prononcé par B. Borgella, exprime toute la pensée des colons qui inspiraient T. Louverture : c’est aux colons français qu’il s’adresse particulièrement ; c’est de leur pays, de leurs intérêts, de leurs, propriétés, de leur bonheur, qu’il s’agit ; le reste de la population de Saint-Domingue n’y est compté pour rien ; et si mention y est faite des braves soldats, c’est que les colons et leur grand complice avaient besoin de l’armée pour assurer le succès de l’œuvre. Qu’on relise tous les documens fournis dans nos deux premiers livres, émanés