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la métropole, était le plus grand obstacle à la proclamation de l’indépendance de Saint-Domingue. Il prit la ferme détermination de continuer, au travers du sang, sa marche vers le bonheur des masses noires [1]. »

Voilà T. Louverture animé des plus grandes, des plus nobles vues, — le bonheur des masses noires, la fixité de leur état politique. Pour les réaliser, il fallait proclamer l’indépendance de son pays, en commençant par écraser cet indocile Rigaud qui avait trop foi en la sincérité de la France, qui faisait obstacle à ces vues généreuses. Rigaud est enfin vaincu, obligé de fuir sa terre natale, avec tous ses intrépides lieutenans qui ne sont pas tombés soùs le courroux de son adversaire. Plus d’obstacle ! Le général en chef triomphant est en bons rapports avec les États-Unis qui approvisionnent la colonie, en bons rapports avec la Grande-Bretagne, ennemie de la France, en guerre avec elle ; il augmente ses domaines par la réunion de la partie espagnole. Aussitôt il convoque une assemblée politique : l’indépendance indispensable va donc sortir de ses travaux ! Non ; il faudra sonder seulement les dispositions du gouvernement consulaire. Comme cette conclusion rapetisse le génie audacieux de T. Louverture ! Voyons donc la vérité dans les faits ! [2]

Écoutons aussi un auteur français, parlant de la constitution de 1801 :

« Ce document curieux est, par sa contexture, par les

  1. Histoire d’Haïti, t. 1er p. 340, — t. 2, p. 47.
  2. Nous renouvelons ici l’excuse que nous avons présentée au 4e livre, pour l’erreur où nous étions sur les vues de T. Louverture, avant d’avoir eu en notre possession tous les documens que nous avons produits jusqu’ici. Nous croyons aussi que M. Madiou eût jugé autrement des vues de T. Louverture, s’il les avait possédés lui-même.