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de lois anciennes et nouvelles existaient sur le régime des colonies françaises ; T. Louverture en avait promulgué beaucoup sous la forme d’ordonnances, d’arrêtés, de proclamations, de règlemens ; la culture était rétablie par tous ces actes ; la constitution ne pouvait mieux faire sur cette matière importante, ni sur toutes autres.

Le motif secret et non avoué était donc autre chose : il fallait parvenir à la situation que les colons avaient toujours rêvée pour Saint-Domingue ; que T. Louverture avait constamment désirée aussi, puisque, dans tout le cours de sa carrière, il marcha d’accord avec eux, suivant leur impulsion, obéissant à leur influence. Cette situation, quelle était-elle ? Que le lecteur se rappelle que nous l’avons prié de prendre note de la lettre de l’assemblée provinciale du Nord, en date du 24 décembre 1789, adressée aux comités de l’Ouest et du Sud, lorsqu’il s’agissait d’établir une assemblée coloniale[1]. Qu’il se rappelle aussi tout ce que nous avons dit de l’assemblée provinciale de l’Ouest, de la municipalité du Port-au-Prince, et en particulier, de B. Borgella, alors maire de cette ville[2]. En relisant ces pages, tout s’explique de la part de l’assemblée centrale et de T. Louverture ; c’est que, dans leur manière de voir :

« Saint-Domingue faisait partie de la confédération qui unissait toutes les provinces de l’empire français ; c’est comme alliée, et non comme sujette, que cette colonie figurait dans l’assemblée de la grande famille ; elle avait donc le droit de faire elle-même sa constitution, en tout ce qui regarde son régime intérieur ; ce n’était que dans ses rapports avec la métropole, soit en ce qui

  1. Voyez livre et tome premier, page 121 et 122.
  2. Livre et tome deuxième, p. 52, 63, 64, 69 et suivantes.