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de modération en cette circonstance, immédiatement après les conférences du Port-au-Prince ? Lequel des deux montra plus le désir d’arriver à une guerre où tant de sang humain devait être versé ?

Est-ce celui qui souscrivit à la décision intéressée et perfide de l’agent de la métropole, qui abandonna deux communes à un officier supérieur soumis à son adversaire, qui éloigna ses troupes des lieux où la guerre pouvait commencer, dans le moment où il allait pacifier une autre commune mise en état de révolte, a-t-on dit, par les propres agens de son adversaire ?

Ou bien, est-ce celui qui, pour arriver à ses fins homicides, de propos délibéré, lance l’anathème contre toute une classe d’hommes, ses frères, en fait arrêter quelques-uns, tandis qu’il en fait massacrer d’autres ?

Il nous semble que la question est jugée par les faits, et que la seule réponse raisonnable à y faire, — c’est que T. Louverture doit être considéré par la postérité, comme ayant voulu la guerre civile, comme l’ayant provoquée par ses injustices envers toute la classe des anciens libres, par les arrestations, par le massacre qu’il fît opérer parmi eux. Par ces faits constatés à sa charge, il a contraint Rigaud à prendre une attitude de guerre qui devait nécessairement amener la guerre elle-même.

Est-ce tout ? Non, il y a encore d’autres faits à constater de la part des deux généraux, avant l’ouverture des hostilités.

À propos de la mort des prisonniers de la révolte du Corail, T. Louverture écrivit une lettre à Rigaud, lettre d’accusation où il s’étonna — que dans tous les mouvemens, les noirs étaient toujours victimes, — mettant ainsi de côté l’assassinat commis par ses ordres, de près de