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Les noms soulignés sont ceux de trois hommes de couleur. Les autres étaient des blancs[1].

On aurait lieu de s’étonner de voir figurer parmi ces membres, des mulâtres, si ceux-là n’étaient pas inféodés au général en chef qui accusait leurs semblables de vouloir occuper tous les hauts emplois. Ceux-là étaient du reste des hommes éclairés ; et c’est une preuve que le pouvoir le plus farouche est obligé d’employer les capacités s’il veut obtenir d’heureux résultats[2].

On connaît déjà les antécédens de B. Borgella, l’âme de cette assemblée dont il fut le président : tout avait été concerté d’avance entre lui et T. Louverture. On a vu mentionner le nom de Collet, dans l’affaire d’Ambouille Marlot aux Cayes, et cette circonstance suffit pour le faire connaître. Gaston Nogérée était un colon de Jérémie, jadis uni aux Anglais. Les députés blancs de la partie de l’Est ne purent que suivre leurs inspirations[3].

M. Madiou affirme que T. Louverture assista à plusieurs séances où cette assemblée rédigea le projet de constitution coloniale. Qu’il s’y soit trouvé ou non, peu importe ; car le plus parfait accord existait entre lui et les membres qui la composaient.

Mais à la fin d’avril, le général en chef était parti du Port-au-Prince pour se rendre au Cap. Là, le 26 il émit une proclamation adressée à l’armée de Saint-Domingue, sur la nécessité d’observer la discipline militaire. Le 29,

  1. Cette affirmation a été donnée par T. Louverture, dans le cachot du fort de Joux, au général Cafarelli. Il lui dit que F. Morillas mourut avant la réunion de l’assemblée centrale. Son rom ne figure pas en effet dans les actes.
  2. M. Madiou affirme que Moïse, élu, refusa de siéger dans cette assemblée. Il aura fait alors un grand acte d’indépendance qui aura contribué à sa mort.
  3. T. Louverture avoua à Cafarelli que tous ces membres de l’assemblée centrale étaient à sa dévotion, mais qu’ils avaient la liberté de leurs opinions.