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Une autre lettre de la même date disait au Premier Consul, qu’il avait cru devoir interner Roume au Dondon, pour avoir écouté des intrigans qui le firent rapporter l’arrêté relatif à la prise de possession de la partie espagnole ; mais que cet agent était encore au Dondon, à ses ordres[1]. C’était donc là le vrai motif de sa réclusion !

Le 3 mars, après avoir parcouru tous les lieux du département de l’Engaño jusqu’à Samana qu’il visita aussi, revenu à Santo-Domingo, il publia un arrêté par lequel il défendit la coupe des bois d’acajou et de gayac, et leur exportation de cette partie, ne permettant que l’exploitation du bois de campêche par les seuls propriétaires des terrains où il serait coupé, et encore sous la condition d’obtenir préalablement une permission expresse du gouvernement.

Ses motifs étaient fondés sur le gaspillage qu’on faisait des bois d’acajou, dont la plus grande partie restait sur les lieux, abandonnée par les coupeurs qui se contentaient d’enlever les plus grosses billes. Il avait un autre motif exprimé dans l’arrêté : c’était de porter, de contraindre les habitans à se livrer aux grandes cultures des autres denrées déjà prescrites, seules capables, dit cet acte, de rendre à la colonie et au commerce national leur ancienne splendeur.

Par suite de toutes ses mesures fiscales et de l’augmentation de la valeur de la piastre-gourde à onze escalins, il paraît que l’idée lui vint, à Santo-Domingo même, d’y

  1. Ces deux lettres furent publiées sur le Moniteur du 13 octobre 1801, au moment où l’expédition se préparait dans les ports de France contre Saint-Domingue. Il semble que la pensée du gouvernement consulaire était de la justifier d’avance, en démontrant la nécessité de punir T. Louverture pour tous ses actes commis en violation de l’autorité de la métropole.