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veront toujours en moi un ami, dans un chef constamment disposé à les aider et à les seconder de tout son pouvoir.

Les ports de Monte-Christ, Puerto-Plata, Samana, Santo-Domingo, Azua et Neyba furent alors ouverts au commerce d’importation et d’exportation, afin de faciliter ces grandes vues d’établissemens nouveaux.

Nous avons donné les considérans, les motifs de cette réduction d’impôts dans la partie de l’Est, pour faire apprécier le bonheur dont jouissait T. Louverture au moment où il l’ordonnait. On le voit pleinement satisfait de cette prise de possession effectuée au nom de la France ; il a la conscience de ce qu’il va devenir dans son pays, car sa constitution est déjà rédigée entre lui et ses conseillers, B. Borgella principalement.

Dans cette conviction, il appelle de nouveaux colons, il convie les Français à venir se fixer dans ces possessions qu’ils avaient toujours convoitées. Pour mieux les déterminer, il devient poète, pour ainsi dire, par la ravissante description qu’il fait de l’immense et fertile plaine de la Véga-Réal, qui a eu l’honneur de recevoir ce nom de Christophe Colomb lui-même[1]. Il parle de sa douce température ; il énumère ces mille rivières tributaires de la majestueuse Youna, qui décharge ensuite leurs eaux dans la superbe baie de Samana ; il fait parcourir de l’œil avec lui, ces lieux agrestes où tant d’établissemens pouvaient être fondés pour acquérir des richesses, objet des désirs incessans des Européens. Enfin, il invoque celui qui lit

  1. Véga-Réal, en espagnol, signifie Plaine Royale. D’après Charlevoix, elle a 80 lieues de longueur et 10 de largeur : une infinité de ruisseaux, de rivières y coulent leurs eaux et forment la Youna et le Grand Yaque. À cause de son élévation, on y jouit de la plus délicieuse température.