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qui s’en écartera… » — par la verge épineuse, par le bâton de l’inspecteur de culture, de la gendarmerie dont l’organisation va être décrétée.

Nous doutons alors que les noirs de la partie de l’Est, habitués à une vie paisible, aient réellement vu en T. Louverture, un Dieu libérateur, ainsi que l’a affirmé M. Madiou.

L’indolence reprochée à la faible population de la partie de l’Est d’Haïti, n’a jamais été aussi grande qu’on l’a cru généralement. Ses principales productions ont toujours été l’élève des bestiaux et la coupe du bois d’acajou, et elles exigent plus d’activité qu’on ne pense. Si elle avait montré peu de disposition à produire autre chose, on doit en accuser l’administration espagnole qui négligea constamment cette colonie, et dont l’inintelligence ne sut pas tirer parti de cette terre fertile et de ses habitans. L’influence des ordres religieux, les innombrables fêtes célébrées toute l’année, y contribuaient ; ces fêtes absorbaient presque tout le temps qui aurait dû être accordé au travail. Mais, pendant la période de vingt-deux années que ce territoire a été réuni à la République d’Haïti, on a vu ses produits en tabacs décupler, les autres portés à un chiffre inconnu jusqu’alors ; et certes, on n’y employait pas la punition corporelle, ni aucune contrainte morale : le commerce fut le seul agent provocateur de la production, comme il l’a été dans la partie occidentale de l’île, aidé de la petite propriété, également établie dans la partie orientale.

Le 11 février, T. Louverture fit un arrêté qui créait une compagnie de gendarmerie dans chaque commune de toute la colonie : composée de 54 hommes, y compris 5 officiers et un trompette, elle devait être entretenue, payée, habillée et montée, aux frais de la commune ; le gouvernement