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général en chef : celui-ci ne parle que de l’isolement où ils allaient se placer des grandes habitations qui seraient ainsi ruinées ; il considérait ce résultat comme un abus contraire aux intérêts des planteurs, des colons, grands propriétaires ; il ne voulait pas la formation de la petite propriété, plus favorable à la liberté, parce que son système d’administration était tout aristocratique. Voilà la pensée politique de cet acte. Y ajouter par cette accusation de paresse, c’est légitimer les calomnies répandues par la faction coloniale contre les hommes de la race noire ; c’est presque justifier le régime monstrueux contre lequel ils s’étaient levés ; c’est reproduire l’idée exprimée dans la proclamation de Whitelocke, en 1793, « qu’une colonie ne doit pas devenir le théâtre des vertus républicaines, ni du développement des connaissances humaines ; que sa prospérité consiste à faire beaucoup de denrées pour en exporter le plus avec le moins de frais possible. » Voilà le but que se proposait T. Louverture qui, à la même époque, agissait dans le Nord pour le rétablissement de l’esclavage des noirs, déclarés libres par les commissaires civils. Qu’il se soit montré, en 1801, conséquent avec ses anciens principes, d’accord ; mais n’accusons pas les cultivateurs d’une chose qui ne se trouve point dans un acte qui était si contraire à leurs droits.

Brissot, qui, certes, était un véritable ami des noirs, dans un de ses écrits publié le 20 novembre 1790, considérait la petite culture comme plus propre à augmenter les produits des colonies, à les rendre moins chers, à rendre surtout l’esclavage moins nécessaire, alors qu’il n’était question que d’une liberté graduelle à accorder aux noirs esclaves. Mais en 1801, après huit années d’affranchissement généra], après les idées émises par Polvérel,