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ment que la liberté générale eût été donnée subitement aux noirs de la partie française ? Qu’on rapproche ces deux lettres avec les divers règlemens de culture émis par T. Louverture, notamment celui du 12 octobre 1800, et tout s’explique de sa part ; on voit dès-lors pourquoi il n’a pas voulu entendre aux propositions de Sonthonax et de Polvérel, lorsqu’ils déclarèrent libres les guerriers noirs après l’affaire de Galbaud, pourquoi il ne s’est soumis à Laveaux que lorsque ses jours ont été menacés par Biassou. Et c’est cet homme qu’un auteur national représente constamment, comme marchant à l’indépendance de Saint-Domingue, au profit de la race noire, comme forcé d’écraser Rigaud qui y mettait obstacle ! Rigaud n’était-il pas, encore une fois, dans le devoir de combattre ses tendances, ses projets liberticides ?…


Il y avait dans le trésor royal de Santo-Domingo, une somme de 320 mille piastres-gourdes. Le 29 janvier, T. Louverture en demanda 30 mille à Don Garcia, à titre de prêt à la République française, pour acheter des farines et d’autres provisions nécessaires à ses troupes. Le 12 février, il lui demanda de laisser le reste pour l’entretien de ces troupes et d’un bataillon espagnol qu’il obtint de l’ex-gouverneur de faire rester à Santo-Domingo, afin de n’y pas tenir garnison par des soldats noirs seulement, la France devant restituer cette somme à l’Espagne, d’a-

    n’avaient pas le droit d’enlever leurs esclaves : ce droit était périmé dès le 22 juillet 1796. T. Louverture ne devait pas intercéder ; il devait ordonner, s’il était réellement dans l’intention d’assurer la liberté aux noirs embarqués sur le trois-mâts : ils étaient français et libres, sinon depuis 1796, du moins à partir du 26 janvier, jour de son entrée à Santo-Domingo.