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conduit où il déclarait ne vouloir faire aucun mal aux habitans. C’était habile de sa part : ces hommes furent autant de prôneurs de son humanité, de sa générosité.

Le 15, Don Garcia adressa une lettre à T. Louverture par un lieutenant-colonel qu’accompagna une députation du cabildo de Santo-Domingo. Le 17, le général en chef renvoya cet officier et la députation, avec l’adjudant-général D’Hébécourt, son aide de camp, porteur d’une lettre au gouverneur, pour prendre des arrangemens avec lui, afin d’opérer la prise de possession. Il rassura Don Garcia sur ses intentions pacifiques, en lui disant qu’il oubliait tout le passé. « Il ne dépend que de vous maintenant de me prouver votre franchise et votre bonne foi. »

Le même jour, 17, il écrivit de nouveau à Don Garcia, en lui envoyant une lettre pour la faire parvenir à Moïse, dans le but, disait-il, de lui ordonner de cesser toutes hostilités.

Le 19, D’Hébécourt, étant à Santo-Domingo, écrivit au gouverneur : il lui transmit les propositions, formulées en articles, que T. Louverture l’avait chargé de lui faire, en l’invitant à y accéder le plus tôt possible. « Vous pouvez, dit d’Hébécourt, tranquilliser le peuple sur les intentions du général en chef. Vous ne serez pas démenti et vous aurez occasion de reconnaître, que tel qui a osé dire que le général était un homme qui ne respirait que le sang, s’est trompé ; il est au contraire un homme vertueux, religieux, humain, sage et bienfaisant. Voilà les qualités qui le caractérisent. Quelle peut être sa conduite, si ce n’est celle d’un honnête homme ? »

L’Espagnol qui avait livré Ogé et Chavanne aux colons de Saint-Domingue, livra Santo-Domingo à leur ami et protecteur, malgré le souvenir du massacre opéré