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En commettant cette violence envers Roume, T. Louverture s’aperçut que des Français attachés à leur pays n’avaient plus aucune confiance en lui et partaient pour l’étranger : il craignit les rapports qu’ils ne manqueraient pas d’y faire et qui parviendraient nécessairement au gouvernement consulaire. Des hommes de couleur aussi cherchaient à se mettre à l’abri des persécutions qui continuaient contre eux. T. Louverture devait craindre d’être appelé aussi à rendre ses comptes.

Ce furent les motifs de l’ordonnance qu’il publia, le 1er décembre, au sujet des passeports à délivrer à ceux qui demandaient à aller en France ou dans tout autre pays étranger : lui seul pouvait les accorder, bien entendu quand il le voudrait. Il y établit des pénalités contre tous contrevenans, des amendes de 4 mille, de 6 mille gourdes contre eux, la confiscation de leurs propriétés, et également contre les capitaines des navires qui les recevraient, même la confiscation de ces navires.

Le 2 décembre, il publia une adresse aux habitans de Saint-Domingue, pour leur faire part d’une lettre qu’il venait de recevoir de l’abbé G. Mauvielle, curé de Noisy-le-Sec, près Paris, qui avait été nommé ou élu évêque par le concile national de France, afin de venir occuper un siège à Saint-Domingue. La lettre de cet évêque était du 26 mars ; elle avait été concertée avec H. Grégoire, ancien évêque de Blois, et répondait à des communications précédemment faites à ce dernier par T. Louverture, qui le

    les qu’il adressa à un colon qui était sur le point de partir pour se rendre en France à la fin de 1801 : « Bien plus, dit-il, Bonaparte me refuse mes enfans ; il semble vouloir en faire des otages, comme si je n’avais pas donné assez de garanties à la France ! » — Mémoires de Pamphile de Lacroix, t. 2. p. 57.