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muans, qui prêchent une fausse doctrine, et qui, par des discours séditieux, cherchent à troubler l’harmonie qui doit régner entre les citoyens, soient dénoncés par les bons citoyens aux autorités civiles et militaires ; que les méchans ne soient pas ménagés, et que la société en soit purgée.  »

Les colons paraphrasaient ainsi la proclamation du général en chef datée des Cayes, le 5 août. Moïse recevait sa part pour la fausse doctrine qu’il prêchait par des discours séditieux ; car aucun des blancs de cette municipalité n’ignorait la désapprobation qu’il donnait au système politique de son oncle : ils annonçaient assez leur intention de le dénoncer à ce sujet, par leur invitation faite aux bons citoyens.

Cependant, quelques jours après les exécutions commises à Saint-Marc, au Pont-de l’Ester et aux Gonaïves, un noir nommé Cottereau, de la plaine de l’Artibonite, révolté de ces atrocités après les actes d’amnistie proclamés partout, conçut l’imprudente idée d’opérer une insurrection dans cette plaine, dans l’espoir qu’elle serait grossie de cette population qui partageait ses sentimens d’indignation. À la tête d’une cinquantaine d’hommes, il campa dans la position de la Crête-à-Pierrot que Dessalines, Lamartinière et Magny devaient illustrer deux ans après. Mais Dessalines lui-même marcha aussitôt, à la tête de deux bataillons, contre cette poignée d’hommes. Après les avoir cernés, il les invita à se rendre au bourg voisin de la Petite-Rivière pour écouter les plaintes qu’ils auraient à former, en leur promettant, sur son honneur, de ne leur faire aucun mal. Convaincus de l’impossibilité d’une résistance à des forces supérieures, pleins de confiance dans les promesses de ce général, ces malheureux se ren-