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prouvait qu’il comprenait ce qu’impose le devoir politique, durent plaire effectivement au général en chef qui voulait l’exiger de ses subordonnés. En reprochant à Pétion et aux trois autres officiers de l’avoir abandonné, il n’eût pu en vouloir à ceux qui se présentaient devant lui, sans se mettre en contradiction avec ses principes. Quant à Borgella personnellement, il n’y a nul doute que l’amitié qui liait T. Louverture à son père dut contribuer aussi à lui inspirer quelque considération pour ce jeune officier. Enfin, on se rappelle que lorsque Borgella passa de Léogane dans le Sud, avec David-Troy, Lamarre et quelques autres officiers de dragons, ils avaient adressé une lettre à T. Louverture, général en chef de l’armée, pour lui exposer les motifs de plainte qu’ils formaient contre Bauvais ; c’était alors un témoignage de déférence et de respect à son autorité : cette réminiscence dut venir en aide au bon accueil qu’il leur fît. Il les congédia poliment.

Trois ou quatre jours après, l’ordre fut donné à tous les officiers qui servaient dans l’armée du Sud, comme aux citoyens qui n’étaient pas de ce département, de retourner dans leur lieu natal. Borgella était de ce nombre ; mais voulant rester aux Cayes, dont l’arrondissement venait d’être confié au commandement du général Laplume, ayant connu ce général à Léogane, il lui témoigna le désir d’être employé à son état-major. Laplume obtint facilement cette autorisation du général en chef qui, en dérogeant ainsi à ses dispositions, accorda une véritable a veur à Borgella.

Il avait agi différemment envers l’adjudant-général Toureaux qui fit sa soumission à Saint-Louis. Toureaux avait laissé croître sa barbe depuis longtemps, elle était