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députés, prouvent qu’ils avaient reçu des ordres du gouvernement consulaire pour faire terminer la guerre civile. Il devait vouloir ce résultat tardif, pour ramener la tranquillité dans la colonie. Mais il aurait dû expédier plus tôt les trois agens, si sa politique n’était pas la même que celle du Directoire exécutif. L’esprit se refuse à toute autre conclusion, en présence des faits.

Admettons aussi, qu’en présence des faits qui se passaient dans la colonie, résultant de ceux qui leur étaient antérieurs, il ne pouvait pas agir différemment, qu’il devait approuver T. Louverture et condamner Rigaud : eh bien ! nous conclurons encore que le général en chef n’avait pas plus les sympathies du gouvernement consulaire que Rigaud. S’il les avait réellement, on eût envoyé plus tôt les trois agens, pour lui assurer son haut commandement à Saint-Domingue. Sans doute, son maintien à ce poste prouve qu’on trouvait son système d’administration plus convenable aux intérêts des colons, et des émigrés qui, alors, étaient rappelés en France ; mais, à son égard, il y avait une arrière-pensée manifeste, dont la réalisation ne pourrait s’effectuer qu’au moyen de la paix avec la Grande-Bretagne, qu’on négociait alors. La phrase déjà signalée de la proclamation des consuls démontre cette arrière-pensée. T. Louverture ne la remarqua pas assez peut-être : il ne dut se la rappeler qu’en apprenant les préparatifs de l’expédition de 1801.

Quant à Rigaud, vaincu dans le Sud même au moment de l’arrivée des trois agens, il n’avait d’autre parti à prendre que de se retirer en France, puisqu’il était encore condamné par le gouvernement consulaire, qui suivait à son égard, à l’égard de tous les anciens libres, la même politique inaugurée par Sonthonax à la fin de sa première