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a copié le rapport de Garran de Coulon. S’il l’était réellement, il aurait transmis à la postérité le récit des horreurs commises en 1802 et 1803, par ses compatriotes, par l’armée d’invasion dont il faisait partie ; mais il a su s’arrêter à temps pour ne pas les décrire, tandis qu’il n’a rien omis de la part des hommes de la race noire. Ce n’est pas là de l’impartialité[1].


Rigaud, convaincu enfin de l’impossibilité de la résistance, et par les forces du Nord qui avançaient toujours, et par la réduction de ses troupes à une poignée d’hommes, et par le désaveu de sa conduite par le gouvernement consulaire, prit le parti de se retirer en France : c’est ce qui résulte des instructions qu’on va lire et que T. Louverture envoya à ses députés. Rigaud, dans cette intention, résolut d’envoyer aussi une députation auprès du général en chef, pour lui faire savoir sa détermination et demander qu’il fit cesser toutes hostilités par son armée, afin qu’il eût le temps de faire ses préparatifs de départ[2].

La députation était composée d’un blanc, d’un mulâtre et d’un noir : Chalvière, Martin Bellefond et Latulipe. Elle se rendit par terre au Petit-Goave, où elle trouva T. Louverture. Celui-ci l’accueillit comme il devait le faire, puisqu’il était un vainqueur autorisé par la métropole ; il la renvoya de suite, avec de nouvelles instructions à ses propres envoyés. Il fit publier, le 20 juillet, un compte-rendu mentionnant l’envoi de cette députation de Rigaud et de la prise du Petit-Trou par Dessalines. Voici ces instructions :

  1. Voyez l’excuse qu’il se donne à lui-même à ce sujet, dans les deux paragraphes du chapitre 19, t. 2, p. 252.
  2. Rapport de Pétion et Dupont, fait à Bresseau, agent français à Curaçao, le 28 août 1800, cité par M. Saint-Rémy dans la Vie de T. Louverture, p. 296.