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de choses porta Rigaud à émettre une proclamation, le 29 mai, pour déclarer qu’à son pouvoir seul il appartenait de traiter de la paix ou de suspension d’armes avec l’ennemi. Vain effort que font souvent les gouvernemens ou les chefs qui sont sur le point de succomber. Ces municipalités durent avoir seulement la faculté de transmettre à Rigaud, les vœux de leurs concitoyens. C’était presque les convier à demander que la paix se fît une fois.

Dans les troubles civils, et même dans une guerre nationale, dès que l’on voit que la résistance n’est plus possible, chacun va au-devant du joug du vainqueur : de là les nombreuses plaintes formées contre Rigaud dont on avait embrassé le parti. Il ne fut plus traité que d’ambitieux, d’orgueilleux, qui continuait la guerre par pur amour-propre. L’intérêt de la cause qu’il défendait, disparut devant les vengeances qu’on redoutait de la part de T. Louverture.

Le brave et intrépide Ogé, blessé mortellement à Dufrétey, alla mourir aux Cayes, où les rameaux de l’arbre de la liberté ombragent encore la pierre tumulaire qui recouvre ses restes[1].

Le dernier combat de cette guerre désastreuse eut lieu au vieux bourg d’Aquin, le 5 juillet. Le colonel Piverger, arrivant de l’Anse-à-Veau peu après, combattit encore les troupes de Dessalines : blessé et fait prisonnier, il fut respecté par Dessalines qui savait admirer la bravoure. Il fut envoyé à Saint-Marc avec d’autres officiers prisonniers. Nous dirons comment mourut cet intrépide officier.

  1. Dans une tournée que fit Pétion dans le Sud, en 1808, il honora la mémoire de B. Ogé par un pompeux service funèbre, aux Cayes. Brave comme Ogé, disait-il, quand il parlait d’un militaire en qui il reconnaissait cette qualité. Ce jeune homme mourut à 25 ans.