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plus sincère… Je n’ai plus rien à vous dire, M. le Président ; je ne puis que vous manifester mon mécontentement du mauvais traitement fait au représentant de la « colonie, à un général français. J’en donnerai connaissance à l’agent du Directoire.  »

Il y avait sept mois que ce pauvre Directoire avait été chassé du palais du Luxembourg ; T. Louverture ne l’ignorait pas, mais il était formaliste. Roume n’ayant encore reçu aucune confirmation de la part du gouvernement consulaire, il était toujours, pour T. Louverture, l’agent du défunt gouvernement ; c’est-à-dire, un agent presque aussi mort que le pouvoir dont il tenait ses instructions. Quant à A. Chanlatte, qui ne s’était pas montré bien fervent pour la prise de possession, il prit bonne note de sa conduite en cette circonstance. C’est alors que Chanlatte fit son rapport du 9 juin 1 800, déjà cité, qu’il envoya au ministre de la marine par J. Boyé, qui était à Santo-Domingo[1].

Cependant, Roume s’était enhardi, en apprenant qu’Agé était de retour au Port-au-Prince. Le 16 juin (27 prairial), il rendit un nouvel arrêté pour révoquer celui du 27 avril. Il en envoya des expéditions à T. Louverture, à Don Garcia, à Chanlatte et au gouvernement français. Par une lettre du 5 juillet, au gouverneur espagnol, il lui donna l’assurance que le général en chef avait renoncé à la prise de possession ; et il approuva l’envoi en Europe, des députés de Santo-Domingo à l’effet de recevoir les derniers ordres des gouvernemens de France et d’Espagne.

T. Louverture ne s’en tint pas à sa lettre du 4 juin à

  1. J. Boyé fut capturé par les Anglais, presque en vue de Santo-Domingo. (M. Lepelletier de Saint Rémy, t. 1er p. 306.)