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signatures, s’adressèrent à Don Garcia pour lui demander, le prier de résister à la prise de possession ; mais, pour ne pas exciter la vengeance de T. Louverture, on proposa d’envoyer de suite des députés auprès des deux gouvernemens d’Espagne et de France, afin de recevoir leurs ordres définitifs.

Ce mezzo-termine fut adopté par Don Garcia qui rendit un décret à cet effet, lequel prononçait la suspension de la prise de possession. Avant de le rendre le 21 mai, il avait consulté A. Chanlatte qui lui répondit le 20, qu’il s’en remettait à sa sagesse et à sa prudence. Don Garcia notifia ce décret au général Agé, qui lui fit réponse, le 22, qu’envoyé en mission, il ne pouvait point discuter aucune question à ce sujet, qu’il resterait à Santo-Domingo pour attendre les ordres du général en chef. Mais, bientôt l’effervescence des esprits fut telle, que cet envoyé fut forcé de quitter cette ville pour revenir au Port-au-Prince. Don Garcia dut l’accompagner lui-même hors des murs de la cité des Colomb, et le faire escorter jusqu’aux anciennes limites des deux colonies, pour éviter qu’il ne fût insulté par les populations des bourgades et des campagnes à traverser : partout, le mouvement d’opposition s’était répandu.

Agé s’était empressé d’informer T. Louverture du peu d’empressement que mettait Don Garcia à accomplir le vœu de l’arrêté de Roume ; il espérait alors de parvenir à aplanir les difficultés.

Le 12 prairial (1er juin), étant au Port-au-Prince, T. Louverture lui répondit, évidemment pour qu’il communiquât cette réponse : la voici ; c’est cette lettre que nous venons d’annoncer comme intéressante :

Personne plus que vous ne connaît ma façon de penser sur les pro-