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dant la révocation de Kerverseau[1]. Roume ne céda point. Comme il paraît que T. Louverture se fondait sur ce que Kerverseau laissait continuer dans la partie espagnole, la vente des noirs que d’anciens officiers de Jean François et de Biassou, restés dans cette partie, faisaient toujours de concert avec les habitans, Roume envoya l’ordre à cet agent de réclamer contre ce trafic, auprès de Don J. Garcia. Kerverseau exécuta cet ordre.

Mais, toujours persévérant dans une idée quand il l’avait conçue et méditée, étant au siège de Jacmel, T. Louverture écrivit à Roume, le 28 décembre, pour lui demander l’autorisation de prendre possession de la partie espagnole, afin de faire cesser ce trafic des noirs. N’agréant point cette demande qu’il n’avait pas prévue, n’étant pas lui-même autorisé à l’accorder, parce que le Directoire exécutif s’était réservé d’ordonner cette occupation quand il pourrait envoyer des troupes européennes pour l’effectuer, Roume refusa encore ; mais il eut assez de condescendance pour T. Louverture, en mandant Kerverseau au Cap, sans doute pour l’aider à convaincre le général en chef de l’impossibilité de lui accorder l’autorisation qu’il désirait obtenir.

Kerverseau se garda de se rendre à cette invitation ; il jugea au contraire devoir saisir cette occasion, pour aller en France éclairer le Directoire exécutif sur la marche de T. Louverture vers tous les envahissemens possibles. Dans ce dessein, il partit pour Porto-Rico, où il espérait trouver le moyen de se rendre en Europe : ne le pouvant pas, après y avoir passé quelques mois inutilement, il revint à

  1. Nos appréciations différent à ce sujet de celles de M. Saint-Rémy, qui a fait tous ses efforts pour justifier ou excuser Roume. (Vie de Toussaint Louverture, p. 241.)