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taillon S. Doyon, porteur de paquets venus à son adresse par un navire de Bordeaux, lui disait :

« Aussitôt que je recevrai vos ordres pour la réunion que vous projetez de faire des divers chefs militaires auprès de vous, je m’empresserai d’y obtempérer. Je ne doute pas que si tous les habitans de la colonie ont en vous la même confiance que vous avez inspirée à mes frères d’armes et à moi, elle ne marche à grands pas vers son organisation constitutionnelle et sa prospérité. Votre expérience, le long séjour que vous avez fait dans l’île, tout me fait augurer que vous saurez mieux que personne appliquer aux malheurs de Saint-Domingue le baume qui leur convient. »

Ayant reçu ensuite la lettre de cet agent, du 22 janvier, Rigaud y déféra plutôt qu’à celle de T. Louverture qui le requérait de venir au Port-au-Prince. Il s’y rendit dans les derniers jours de janvier. Bauvais et Laplume y vinrent aussi.


Le 4 février (16 pluviôse) étant l’anniversaire du décret de la convention nationale sur la liberté générale, Roume en fit l’occasion d’une grande fête. Il prononça un discours sur la place d’armes du Port-au-Prince où il était entouré de tous ces officiers généraux. Il les invita à vivre entre eux, en paix, en union, à conserver l’amour de la République française et l’obéissance à ses lois. T. Louverture, en sa qualité de général en chef, fit aussi un discours où il prétendit que l’union la plus parfaite existait entre eux tous : ce qui était démenti par les faits connus de toute la colonie.

Relativement au discours de Roume, c’était encore, pour ainsi dire, la même médaille dont Sonthonax avait offert un des côtés à la vue des spectateurs, lorsqu’il pérora sur