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Birot envoya l’ordre à Gautier d’attaquer de nouveau la position de Tavet ; mais cette fois il ne fut pas possible de l’enlever, parce que de nouvelles troupes avaient renforcé la 11e demi-brigade. Gautier y perdit inutilement de braves soldats et revint à son poste de Besnard.

Birot continua les préparatifs de défense commencés par Bauvais, afin de pouvoir soutenir le siège de Jacmel. Cette ville, par sa position montueuse, offrit la possibilité d’être vigoureusement défendue. Différens forts avaient été construits dans le pourtour de la place et sur des sites convenables, depuis Montbrun, aidé par Pétion, alors chef de bataillon d’artillerie. On les désignait sous les noms de Grand-Fort, Blockhaus, Léogane, l’Hôpital, Béliot et Talavigne.


Avant que ces choses eurent eu lieu à Jacmel, T. Louverture émit une proclamation, le 9 septembre, où il accusait les hommes de couleur de vouloir s’emparer de toute l’autorité dans la colonie. C’était pour justifier les massacres qu’il avait ordonnés contre eux.

Rigaud, non moins prodigue d’écrits, en fit un, le 11 septembre, où il défendit sa classe et sa propre conduite, en accusant T. Louverture de ces massacres et de trahison envers la France, par ses traités secrets avec les Anglais et les Américains. Il accusait aussi Roume d’y prêter la main.

T. Louverture jouait un rôle naturel, en publiant ses longues proclamations ; car il sentait le besoin d’accuser ceux dont il s’était rendu l’ennemi, afin de se justifier, croyait-il, de ses cruautés. Mais, nous n’aimons pas cette guerre de plume de la part de Rigaud, lorsqu’il faisait rester son armée dans l’inaction au Grand-Goave.