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avait envoyé Pétion à la tête de 500 hommes pour renforcer ceux de la légion de l’Ouest dans cette position : il était satisfait de ce résultat qui contraignait Bauvais à prendre parti pour lui, croyait-il. Mais Pétion dut revenir a Bellevue, par la réoccupation de Tavet par Néret.


Le général en chef étant retourné au Port-au-Prince, et n’ayant plus de crainte pour le Nord et l’Artibonite, se disposa à faire reprendre les hostilités avec vigueur. C’est alors qu’il expédia à Bauvais la lettre de Roume, du 9 août ; elle lui parvint le 13 septembre. En même temps, T. Louverture avait donné l’ordre aux troupes du Nord de revenir dans l’Ouest, sous les ordres de Clervaux et de H. Christophe : elles arrivèrent à Léogane dans la seconde quinzaine de septembre.

En recevant la lettre de Roume, Bauvais fut atterré. Il prit immédiatement la résolution d’abandonner son poste et de se rendre en France. Il n’y avait point de navire français dans le port de Jaemel : il s’embarqua furtivement sur une petite goëlette hollandaise qui le porta à Curaçao, en laissant à Jacmel sa femme et deux jeunes filles. Il laissa la lettre suivante, pour expliquer à ses compagnons d’armes les motifs de sa résolution :

Jacmel, le 27 fructidor an 7 (13 septembre),
Louis-Jacques Bauvais,
Aux officiers supérieurs de la garnison de Jacmel.
Mes chers camarades,

Destitué et déclaré en état de révolte par une lettre de l’agent du Directoire exécutif en cette colonie, datée du Cap le 22 thermidor dernier, que je viens de recevoir, je ne puis ni ne dois continuer à vous commander ainsi que cet arrondissement, sans me rendre plus coupable et encourir de nouvelles disgrâces.