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de sa blessure, Birot laissa le commandement de sa troupe à Gautier, chef de bataillon de la légion, et rentra à Jacmel.

À son arrivée en cette ville, Bauvais le blâma publiquement d’avoir attaqué les troupes de T. Louverture, et l’accusa d’avoir violé sa propre neutralité. Néanmoins, convaincu qu’il lui fallait combattre maintenant, il fit les meilleures dispositions, non pour attaquer de nouveau les troupes du général en chef, mais pour leur résister dans la place de Jacmel, prévoyant bien que T. Louverture marcherait contre lui. Il fortifia cette place, pourvut à tout avec une intelligence et un sang-froid admirables, Bauvais avait toute la trempe d’un vrai militaire : il était un ancien élève du collège de La Flèche, en France. Ces préparatifs de défense accrurent le courage de cette belle légion de l’Ouest qu’il avait commandée, de tous les hommes valides qui étaient dans Jacmel. Des officiers d’une valeur éprouvée, comme leurs soldats, maintenaient dans leurs rangs cette discipline sévère qui distingua ce corps et qui était due à Bauvais. Ces officiers étaient Birot, Gautier, Ogé, Brunache, Bazelais, Pierre Fontaine, Dupuche, Borno Déléard : les autres, de grades inférieurs, étaient animés du même esprit.

Deux jours après la prise de Tavet, Gautier l’avait abandonné pour se reporter à Besnard, à cause de la putréfaction des cadavres, et peut-être parce qu’il avait appris le blâme donné à Birot par Bauvais. Celui-ci devait être plutôt satisfait que mécontent de l’abandon de Tavet, qui entrait dans son système de neutralité. Néret vint réoccuper cette position.

Rigaud, présent alors parmi ses troupes (dans les premiers jours d’août), en apprenant le combat de Tavet,