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qui fut fusillé par ordre du général en chef, sous le prétexte que cet officier avait mal parlé de lui[1]. Il écrivit le 17 juillet à Roume, pour se plaindre également, et de la violence que T. Louverture faisait à sa neutralité, et des massacres commis par ses partisans contre des hommes de couleur, en implorant de ce perfide agent d’interposer son autorité. C’était s’adresser à un juge prévaricateur, intéressé aux maux, aux crimes qui se commettaient. Mais, forcé dans ses retranchemens d’une neutralité inintelligente, Bauvais envoya Birot, colonel de la légion de l’Ouest, occuper l’habitation Besnard, assez près de celle de Tavet, avec 500 hommes de cette légion appuyés de gardes nationaux. Birot eut ordre de ne pas attaquer les troupes du général en chef, dans l’espoir d’une réponse favorable de Roume.

Cette réponse fut concertée avec le philosophe qui, dans l’intervalle, s’était porté dans le Nord. Elle est datée du Cap, le 9 août : elle défendait le général en chef qui, selon Roume, avait dû prendre ses sûretés contre Bauvais, séduit par Rigaud. T. Louverture avait raison de se prémunir contre ce général qui ne se prononçait pas ; mais Roume était coupable, en accusant Bauvais d’avoir été gagné par Rigaud, pour pouvoir justifier l’homme des colons et du Directoire. Enfin, pour frapper l’âme timorée de Bauvais d’un dernier coup, Roume, plus coupable que faible, adressa sa réponse :

« À Louis-Jacques Bauvais, ci-devant général de brigade au service de la République française, et commandant de l’arrondissement de Jacmel, actuellement chef des révoltés du même arrondissement, sous les ordres du traître Rigaud.  »

  1. Vie de Toussaint Louverture, page 251.