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troupes ont touché trois mois de solde depuis mon arrivée, et les officiers deux mois d’à-compte. Vous n’êtes donc pas fondé à me dire qu’elles ne touchent rien. Vous connaissez aussi bien que moi la pénurie des caisses, et vous ne deviez pas vous laisser entraîner par des plaintes dont l’injustice est trop évidente pour me blesser. Venez, citoyen général, le plus tôt que vous pourrez. Il est plus que temps que vous ne vous fassiez plus aucune illusion sur les individus qui voudraient encore troubler la colonie, et sur l’intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde. »

Ces plaintes en faveur des soldats étaient semblables à celles adressées à Sonthonax.

Le 10 octobre, le général en chef avait rendu une proclamation où il rappelait à l’armée la gloire qu’elle avait acquise dans la guerre contre les Anglais, dont elle avait enfin obtenu l’évacuation sur tous les points de la colonie. Comme toujours, il n’oublia pas de faire valoir ses services personnels dans la cause de la liberté. Il disait à cette armée et aux habitans, que pour conserver ce bien précieux, il fallait pratiquer les devoirs religieux. En conséquence, il prescrivit « aux chefs de corps de faire dire la prière aux troupes le matin ou le soir, aux généraux de faire chanter un Te-Deum en actions de grâces, pour remercier le Tout-Puissant d’avoir favorisé les opérations de l’armée, en éloignant l’ennemi sans effusion de sang, et d’avoir protégé la rentrée, dans la colonie, de plusieurs milliers d’hommes de toute couleur jusqu’alors égarés, en rendant plus de vingt mille bras à la culture. »

Il est bien entendu, que si des individus eurent confiance en ses promesses, ceux qui s’étaient le plus com-