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voulu me l’approprier que je n’aie obtenu votre approbation et que vous ne m’en ayez accordé la concession.  »

Or, cette approbation ni cette concession du terrain ne furent point accordées par l’agent du Directoire.

Le 5 octobre, le général en chef procéda à une cérémonie pour la plantation, au Môle, de l’arbre de la liberté : c’était la première fois que cette ville voyait un tel arbre. Il prononça à cette occasion un discours où il engageait tous ceux qui se ralliaient à ce symbole de la liberté, à avoir le repentir de l’Enfant prodigue revenant à la maison paternelle. Il y avait de quoi édifier le général Hédouville qui savait par Chatel, que beaucoup d’émigrés étaient compris parmi ces repentans.

Le 6, T. Louverture lui transmit des lettres qu’il venait de recevoir de l’administration municipale du Petit-Goave et du colonel Faubert, qui lui rendaient compte d’une insurrection formidable survenue dans cette commune, à l’instigation de Saingla, un des premiers révolutionnaires de ce lieu, à propos du règlement de culture de l’agent. Dès ce moment Saingla se montra partisan de T. Louverture : ce fut la cause de sa mort arrivée quelque temps après.

Par la même dépêche, le général en chef réclamait avec instances, de l’agent, des adoucissemens au sort des malheureux soldats qui étaient nus, qui ne recevaient point de solde : « Quand je leur dis de prendre patience, ils me répondent : À force de poison, le diable en crève.  » Cette dépêche est du reste écrite dans les formes les plus convenables.

Hédouville se vit ainsi menacé en même temps, et du mécontentement des cultivateurs, et du courroux de l’armée. Le 11 octobre, il répondit à T. Louverture : « Les