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imputée à Pierre Michel. Le 15 août, T. Louverture arriva dans cette ville. Il fit remettre à Sonthonax diverses pétitions par le général Agé, chef de l’état-major général de l’armée, et lui annonça, le 18, que le lendemain il passerait une revue générale des troupes. Sonthonax lui répondit :

« Vous m’annoncez ; la remise que m’a faite le général Agé de quelques pétitions de différens chefs de corps, en garnison tant à Jean-Rabel qu’aux Gonaïves. Je me propose de vous voir demain matin chez vous, après la revue, et de conférer sur l’amélioration du sort des troupes, amélioration devenue cependant bien sensible depuis l’arrivée de la commission, puisqu’auparavant les troupes étaient nues et sans solde, et aujourd’hui elles sont habillées et soldées. Nous causerons aussi de l’échange des prisonniers pour lequel je ferai faire les recherches que vous demandez. »

Cette lettre nous prouve que T. Louverture a porté les chefs de corps à se plaindre, au nom des troupes qu’ils commandent ; c’est une pression qu’il veut exercer sur Sonthonax. Il est apte à répondre aux pétitions, mais il les fait remettre au commissaire ; et celui-ci, pour justifier la commission, accuse cruellement Laveaux et Perroud de n’avoir ni habillé ni soldé les troupes, tandis que la commission y a pourvu. Il y a dans cette lettre une espèce d’aigreur, de reproche de la part de Sonthonax qui voit bien qu’on le rend responsable de ce qui manque aux troupes, de ce qui occasionne leurs plaintes.

Et voyez encore combien étaient injustes les accusations portées contre Rigaud et Bauvais, de s’être accaparés des finances du Sud et de l’Ouest ! D’après le propre témoignage de Desfourneaux, dans sa lettre à Laveaux,