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avaient probablement contribué à l’assassinat de la Reine de France : la Convention nationale n’existant plus, il fallait lui donner un autre nom, et connaissant le faible de T. Louverture pour ses éternelles citations des passages de l’Écriture sainte, Sonthonax lui dit :

« Je vous préviens, cher général, que le lieutenant de vaisseau Guyesse se rend aux Gonaïves avec un équipage, pour prendre possession de la goélette ci-devant la Marie-Antoinette, que la commission vient de nommer l’Enfant prodigue, par allusion à celui de l’Écriture qui, après avoir abandonné la maison paternelle, y rentra repentant de sa vie débauchée. »

Comment T. Louverture ne sera-t-il pas convaincu du bon vouloir du commissaire qui, jusque dans le nom d’un bâtiment, cherche à complaire à ses idées ? »


Venons enfin aux dernières circonstances qui mirent un terme à la mission de Sonthonax à Saint-Domingue, il s’agit d’une tragédie dont l’intrigue a été si bien menée, qu’il faut résumer la situation où était alors cette colonie. Et si nous avons cité tant d’actes, de mesures et de lettres du chef de l’agence, c’est que nous avons voulu que le lecteur pût mieux comprendre cette situation, afin de juger les acteurs, chacun selon son mérite. Nous avons dit d’ailleurs que nous ne croyons pas écrire l’histoire de notre pays, que nous préparons seulement des matériaux qui y serviront un jour à un autre plus capable que nous : en mettant sous ses yeux les documens nombreux que nous avons cités, nous facilitons sa tâche ; car peut-être ne serait-il pas en mesure de les avoir, si nous ne les don nions pas ici.


On a vu quelle a été la conduite de Laveaux et de Per-