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montre jusqu’à l’évidence combien notre politique s’accorde parfaitement avec celle du Directoire ; et c’est parce que je la connaissais bien, que je vous ai parlé des hommes du Sud comme je l’ai fait[1]. Jugez donc à présent, mon bon ami, si vous devez vous féliciter d’avoir eu confiance en moi, et si vous avez à vous applaudir de votre dévouement aux mandataires du gouvernement français. L’approbation solennelle du Directoire exécutif à nos opérations est aussi l’approbation implicite de votre conduite à Saint-Domingue. Soyez sûr que le gouvernement français soutiendra toujours ses agens, lorsque, dans leur mission, ils déploieront un grand caractère, des principes purs, des intentions droites, une grande énergie contre les Anglais, et une fermeté inébranlable envers les ennemis du gouvernement (les anciens libres, surtout les mulâtres).

« Je reviens à votre entreprise manquée, et je me réfère à ma dernière. Au nom de votre propre gloire, ne vous laissez point abattre ; ayez soin de votre santé, la chance sera pour nous une autre fois. Quand on a tout fait pour réussir, on a le témoignage intérieur d’avoir bien fait, et cela console. »

Il faut reconnaître que si Sonthonax fait tout pour consoler T. Louverture de sa mésaventure à Saint-Marc, s’il lui donne des éloges pour n’avoir rien épargné pour enlever cette ville, pour toute sa conduite, il ne se ménage pas à soi-même des éloges pour le grand caractère qu’il a montré, en suivant une politique qui s’accordait si bien avec celle du Directoire exécutif, et qui convenait d’ail-

  1. « Avant de revenir à Saint-Domingue, Sonthonax savait donc quel était le système politique qu’il faudrait y établir, relativement aux hommes de couleur ! Nous trouvons encore ici l’explication des dépêche ; secrètes.