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Cul-de-Sac. T. Louverture s’y porta à la tête de sa cavalerie pour faire une simple apparition, d’après son rapport à Sonthonax : à son approche, les avant-postes de la Croix-des-Bouquets se replièrent sur ce bourg qui ne fut pas attaqué. Il fit maintenir des troupes dans les montagnes des Grands-Bois et du Trou-d’Eau.

Tandis qu’il allait contre le Mirebalais, les généraux Bauvais et Laplume, sur l’ordre de Sonthonax, faisaient marcher le chef de bataillon Pétion contre les postes occupés par les Anglais, dans la colline de la Rivière-Froide et sur le morne L’hôpital[1]. Ces ennemis avaient fait venir des troupes de Saint-Marc, sous les ordres de Dessources ; et au moyen de ce renfort, ils avaient repoussé Pétion. Les garnisons revenues de l’Est furent employées à garder la Croix-des-Bouquets et la plaine qui l’environne.

Après cette campagne, T. Louverture retourna aux Gonaïves. Là, il reçut une lettre de Sonthonax qui lui témoignait le désir qu’il vînt au Cap. Il y arriva le 1er mai. Le dictateur qui n’avait pas tenu la balance de l’impartialité entre Desfourneaux et Montbrun, qui ne l’avait pas tenue davantage entre ce général et Rigaud, ne la tint pas non plus entre T. Louverture et lui. Dans la nuit du 1er au 2 mai, Sonthonax fit arrêter Desfourneaux qui fut embarqué sur la flûte l’Indien, dans la rade du Cap.

Il ordonna d’empêcher toutes communications avec lui.

  1. Pétion fut nommé chef de brigade adjudant-général, le 19 mai, sur la demande de Laplume, pour continuer à servir dans l’arrondissement de Léogane. À cette occasion, Sonthonax lui écrivit d’employer tous ses soins pour prémunir Laplume contre les intrigues et les séductions de Rigaud. L’intérêt du moment lui fit oublier que Pétion avait soutenu Montbrun, dénoncé par lui, Rigaud avait envoyé quelques troupes à Laplume, pour aider Pétion dans ses efforts contre les Anglais : Sonthonax ordonna de les renvoyer dans le Sud, afin d’éviter tout contact avec les hommes qui servaient tous Rigaud.