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tial Besse, son préféré, de Bauvais, d’A. Chanlatte, que Sonthonax eût tenu un propos si indigne de son propre caractère, si condamnable de la part du représentant de la France, lequel avait tant fait pour assurer à la classe de couleur la jouissance de l’égalité et de la liberté politique ! Nous concevons qu’étant irrité, et portant rancune à Montbrun individuellement, qu’il soupçonnait alors de trahison en faveur des Anglais, nous concevons qu’il ait pu dire à Pierre Dieudonné et à Pompée de s’en défier ; mais désigner à leurs soupçons, et par conséquent à leur haine, toute la classe des hommes de couleur, c’est là une chose improbable, impossible. En preuve de ce que nous disons ici, citons d’avance un passage de la lettre de Polvérel à Rigaud, qui explique ce que Sonthonax a pu dire à ces noirs contre Montbrun personnellement : «… Ce titre ne rendra pas à Montbrun la confiance des Africains. Ceux-ci sont campés en force à Néret, à la Rivière-Froide, à la Crête-de-Piquary, et dans plusieurs autres postes, bien résolus de défendre leur liberté et de ne pas reconnaître pour chef celui qui les a trahis. » Mettez-vous à la tête de cette sainte insurrection… » Si Polvérel parla ainsi à Rigaud, nous concevons que Sonthonax a pu, comme lui, exciter ces noirs à la défiance contre Montbrun personnellement. Cependant, les 17 et 18 mars, les noirs étaient du parti de Montbrun : il avait donc leur confiance ! Ne serait-ce pas là le motif de la suggestion de Sonthonax ?

Nous avons sous les yeux un écrit de Pinchinat, que nous avons déjà cité, en réponse au discours de Sonthonax, prononcé au conseil des Cinq-Cents. Pinchinat, qui était aussi à Néret, et qui répondait dans cet écrit à de cruelles accusations de Sonthonax contre lui, dit en