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Ainsi, tandis que les forces anglaises s’élevaient à trois mille cinq cents hommes au moins, celles du Port-au-Prince ne montaient guère qu’à onze cents hommes. Montbrun se porta au fort Bizoton, armé de plusieurs pièces de gros calibre et de deux mortiers, afin d’aider Marc Borno à sa défense, de la diriger lui-même.

Le 31 mai, un canot parlementaire fut repoussé. Ce même jour, Martial Besse, mandé de Jacmel par les commissaires, arriva au Port-au-Prince : il y avait environ une dizaine de jours qu’il avait été nommé colonel de la légion de l’Ouest[1]. La méfiance des commissaires contre Montbrun avait appelé son rival en cette ville ; ils le nommèrent commandant en second de la province de l’Ouest. Jacques Boyé commandait la place[2].

Montbrun avait envoyé quatre cents hommes pour s’opposer au débarquement des Anglais au port du Fossé, au nord de la ville, où il y avait un fort : deux frégates et des bâtimens de transport étaient de côté-là[3].

Toute la défense de la ville reposait donc, en ce moment, sur ce point au nord, et sur le fort de Bizoton au sud.

Le 1er juin, deux vaisseaux et une frégate s’embossèrent contre Bizoton qu’ils canonnèrent pendant quatre heures. Sonthonax a dit que le fort ne répondit que d’une manière très-faible[4] ; mais Briand Edwards prétend qu’a-

  1. Réponse de Montbrun à un placard de Martial Besse, en France, p. 8. Il dit avoir signé sa commission.
  2. Jacques Boyé est le même qui a figuré dans la capitulation du Cap, en 1803, et auquel le président J. P. Boyer confia une mission diplomatique, en 1823. — Ce fut un Français toujours honorable, toujours juste. Il a sauvé la vie à Boyer, embarqué en 1803 sur le vaisseau le Duguay-Trouin pour être noyé.
  3. Débats, t. 8, p. 331.
  4. Ibid, p. 332 et 333. Relation de Sonthonax.