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Tout ce que nous avons rapporté de Toussaint Louverture détruit victorieusement, selon nous, cette tradition populaire. Sa haute capacité n’admet pas, qu’il aurait négligé le gouverneur général pour s’adiesser à un simple commandant militaire, sans pouvoirs. Voyez sa lettre du 18 mai à Laveaux, où il parle des démarches qu’il fît auprès de ce général, avant les désastres du Cap ; il n’y fait pas mention de nouvelles tentatives de sa part. D’un autre côté, nous ne trouvons rien dans la vie de Villatte qui ait pu motiver de sa part un propos aussi insultant, et qui eût été en même temps l’expression d’un mauvais sentiment pour les noirs. Nous verrons plus tard que ces derniers lui étaient fort attachés : il n’aurait donc pas pu mépriser Toussaint Louverture surtout, comme esclave au service de l’Espagne. Villatte aimait les noirs.

La haine de Toussaint ou plutôt sa jalousie contre Villatte, lui aura été suggérée par Laveaux, déjà mécontent de Villatte, à propos des munitions qu’il avait demandées au Cap ; car, à ce sujet, nous voyons dans une note du rapport de Garran, la mention d’une lettre du 23 mai, de Laveaux à Toussaint Louverture, qui lui avait aussi demandé des munitions, par la sienne du 18. D’autres faits de Laveaux, d’autres lettres de lui viendront corroborer ce que nous avançons ici. Nous prouverons aussi que la jalousie du pouvoir exista entre Villatte et Toussaint Louverture. L’historien doit à sa conscience, de prouver les vraies causes des divisions entre les hommes, en réfutant les erreurs accréditées.

    sion pour faire remarquer l’erreur où est tombé notre compatriote, sur la foi de P. de Lacroix ou de Dubroca, en fixant l’époque de la soumission de Toussaint Louverture au 25 juin 1794 : sa lettre du 18 mai est positive à cet égard.