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tion avec Jean-Rabel, par les montagnes du Moustique. Chevalier avait passé sous les ordres des Espagnols, de Toussaint Louverture principalement. Nous avons lieu de croire qu’il correspondait avec Delair : l’exemple de celui-ci devait influer sur sa conduite.

Nous voyons effectivement dans le rapport de Garran, que le 5 avril, Laveaux adressa une lettre à Chevalier, qui y répondit le 6 : en même temps qu’une note du rapport cite ces deux lettres, elle cite une autre lettre de Toussaint Louverture à Laveaux, sans date.

Sera-ce Laveaux qui aura fait, le premier, des propositions à Chevalier, immédiatement après ses succès à Jean-Rabel ? Il y a lieu de le croire, puisque c’est ce dernier qui fît réponse à sa lettre du 5 avril. Laveaux a dû mettre sous ses yeux le retour de Delair, et les avantages qui en résulteraient pour lui et les habitans qu’il dirigeait. En répondant a Laveaux, Chevalier a pu accepter ses propositions purement, ou y mettre des conditions ; dans tous les cas, il n’est pas probable qu’il ait agi sans en conférer préalablement avec Toussaint Louverture, à qui il était soumis et dont les forces pouvaient l’écraser, sans que Laveaux pût lui porter secours. N’est-ce pas là alors l’explication toute naturelle de la lettre de Toussaint Louverture à Laveaux, dont nous ignorons la date ? En faisant ses propositions à Laveaux, Toussaint a pu, a dû même lui poser ses conditions aussi. Mais Laveaux lui-même, n’aura-t-il pas également posé ses conditions à Chevalier, comme il l’avait fait à Delair ? Cela nous paraît d’autant plus probable, que Laveaux gouverneur, ne pouvait oublier sa haute position, et que Garran dit que « Chevalier rendit la paroisse de Terre-Neuve à Laveaux, à peu près de la même manière qu’avait agi Delair. »