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vine) que le décret du 4 février (16 pluviôse an II) a été rendu par la convention nationale : — celui qui déclare, ou plutôt qui confirme la liberté générale des esclaves. Au 27 février, il était impossible qu’il le sût ; mais il avait dû prévoir que la convention en viendrait là, car nous avons cité, à son honneur, deux de ses lettres où il pressait la solution de cette grande question qu’il eut la gloire de résoudre le premier, et, en outre, il avait chargé Dufay et les autres députés du Nord de tout faire pour provoquer cette mesure. En affirmant ce qui sera reconnu vrai plus de trois mois après, il n’a toutefois pour objet que de faire taire les calomnies dont il se plaint, et de détruire l’influence du décret d’accusation de la convention nationale.

Notre impartialité nous oblige à blâmer Sonthonax bien souvent ; mais nous ne pouvons refuser à cet esprit vigoureux, l’estime qu’il mérite en bien des occasions. Les révolutionnaires sont ainsi faits ; ils présentent alternativement des sujets de blâme et d’éloges dans leur conduite, parce que dans leur œuvre de démolition de la société, pour sa reconstruction sur des bases nouvelles, ils subissent eux-mêmes l’influence des circonstances où ils se trouvent, et que souvent ils font naître par leurs fautes. Heureux ceux dont les principes les garantissent des excès que la morale réprouve, et dont le caractère modéré permet d’éviter ces excès, dans la lutte qu’ils soutiennent contre l’ordre de choses qu’ils détruisent !


Nous venons de voir Sonthonax s’efforcer de rallier à son autorité, par des flatteries, les noirs qu’il a fait enrôler. Lisons encore sa proclamation du 1er mars, où il parle de nouveau de ces hommes, afin de démêler ce