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le texte du procès-verbal de la séance de la convention nationale et du décret d’accusation lancé contre lui et son collègue. Au Port-au-Prince ou à Saint-Marc même, il reçut de Laveaux une lettre du 31 octobre, qui lui marquait l’insubordination des noirs émancipés qui voulaient à peine reconnaître l’autorité du gouverneur général, au Port-de-Paix et dans les autres communes du Nord.

La connaissance de tous ces faits, de tous ces actes, irrita excessivement Sonthonax. Il calcula avec raison la funeste influence que devait exercer aussi l’acte signé à Saint-Marc, après son passage. Il vit que la trahison des hommes de couleur de cette ville et des environs compromettait la cause de la république, tandis que leur union à la commission civile devait la faire triompher. Toutes ces causes réunies portèrent Sonthonax à l’emportement, toujours funeste et préjudiciable à l’autorité elle-même. Ecoutons Garran :

« Un résultat si désolant, surtout l’infidélité de tant d’hommes de couleur, affectèrent vivement les commissaires civils, et particulièrement Sonthonax qui avait vu toute l’étendue du mal dans les différentes parties du Nord et de l’Ouest qu’il avait traversées. Son caractère ardent lui avait persuadé qu’il suffisait de prononcer le mot liberté pour obtenir des nègres le dévouement que la patrie a droit d’exiger de ses enfans. Il avait également eu jusqu’alors la confiance la plus décidée dans les hommes de couleur : en songeant à tout ce que la révolution et la métropole avaient fait pour eux, il avait compté qu’ils en seraient les plus zélés défenseurs. Son indignation ne connut plus de bornes, en voyant ses espérances si cruellement trompées. Il s’efforça d’abord de