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dénaturer. Ils exécuteront avec respect tous les décrets de la nation ; ils lui vouent solennellement attachement et obéissance ; et en même temps, haine et résistance aux ordres et aux projets qui ne seraient que le fruit de la volonté particulière.

Attendu l’urgence des circonstances, ils resteront en armes jusqu’à ce qu’ils puissent les déposer, sans crainte pour leurs propriétés et pour leur sûreté individuelle ; ils couvriront et protégeront toutes les paroisses entrées dans la coalition ; se prêteront à cet effet, en cas de besoin, secours et assistance mutuels, comme étant tous frères et n’ayant tous qu’un même intérêt à défendre : celui de la famille commune.

Le travail des ateliers, la répression des mouvemens qui pourraient s’y élever, le maintien du respect dû par les esclaves aux hommes libres et de l’obéissance à leurs maîtres, entreront particulièrement dans le nombre des objets confiés à leur vigilance et à leur protection.

Ils déclarent que leur but, en prenant les armes, et en les gardant, n’est que de conserver leur existence ; de sauver et rétablir leurs propriétés. Ils n’en veulent point a celles des autres ; ils n’ont d’autres ennemis que ceux de la République française. Tous leurs voisins n’éprouveront de leur part qu’humanité et justice ; ils ne leur demandent que réciprocité de sentiment. Le seul titre de Français la leur assure de la part de citoyens français.

Ils déclarent détester et vouer à l’exécution, les déportations, exils et bannissemens arbitraires ordonnés par Polvérel et Sonthonax ; tous ceux qui en ont été victimes sont invités, au nom du patriotisme, à revenir dans leurs foyers ; ils y trouveront sûreté et protection, leurs biens leur seront remis et rendus, et toutes séquestrations qui en auraient été faites sont, dès à présent, nulles et comme non avenues. Les procureurs des communes cesseront de prêter leur ministère à de telles vexations. Le présent article est commun à tous les habitans et propriétaires des paroisses de la coalition qui, n’ayant pas été déportés, se seraient retirés chez une puissance étrangère pour se soustraire à la tyrannie, et que l’on appelle mal à propos et malignement des émigrés, tandis que ce ne sont que des réfugiés ; et attendu que tout citoyen se doit à son pays, et que les malheurs de Saint-Domingue sont dus, en grande partie, à l’absence des propriétaires, des hommes intéressés à conserver : tous les refugies ci-dessus mentionnés, qui ne se rendraient pas à cette invitation, dans un délai de six mois, pour ceux qui sont à la Nouvelle-Angleterre, et de trois semaines, pour ceux qui sont sur