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Nous déclarons que l’esclavage est nécessaire à la culture et à la prospérité des colonies, et qu’il n’est ni dans les principes, ni dans la volonté de l’assemblée nationale et du roi, de toucher à cet égard aux prérogatives des colons.

Nous déclarons que nous ne reconnaîtrons pour les amis de la France, que ceux qui le seront de sa constitution (celle de 1791), sauf les modifications que commandent l’esclavage et les localités.

Nous déclarons que nous poursuivrons également, et les ennemis de la loi du 4 avril, et les méprisables conspirateurs qui ont voulu faire des droits des citoyens, ci-devant qualifiés de couleur, une spéculation contre-révolutionnaire.

Nous mourrons plutôt que de souffrir l’exécution d’un projet antipopulaire (celui de la contre-révolution) ; mais nous ne laisserons jamais avilir le caractère national dont nous sommes revêtus, par une tolérance coupable des injures faites à la métropole.

Tels sont nos principes ; nous les regardons comme très-essentiels au bonheur de la colonie.


Le lecteur remarquera avec nous, que cette proclamation est le développement de la doctrine de Polvérel, et non de celle de Sonthonax. Elle fait, elle renouvelle la déclaration de la nécessité de l’esclavage, mais elle ne dit pas que les commissaires s’opposeront à l’abolition de cet odieux régime, si la métropole la prononce. Bientôt nous verrons Sonthonax renouveler seul sa propre doctrine, par une proclamation du 4 décembre, quand ses collègues se seront rendus dans l’Ouest.

Une question toute naturelle ressort de l’examen de la profession de foi des commissaires civils. Était-elle sincère de leur part, de la part d’hommes imbus des grands principes de la révolution française, de ces hommes qui, en Europe, avaient publié des écrits pour les propager ? Ces deux commissaires, choisis par les Amis des noirs, étaient-ils des adversaires-nés des malheureux qu’une verge de fer contenait dans la servitude, et dont une notable portion avait les armes à la