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avait un autre tort, — celui d’avoir pris une part active à l’arrestation des représentans, dans l’affaire du 30 août 1822.

Il résultait maintenant de tous ces discours, que l’Opposition semblait renoncer à l’idée de faire concourir les quinze candidats exigés, à l’élection des cinq sénateurs, pour admettre néanmoins cette liste générale fractionnée comme Pétion et Boyer l’avaient fait antérieurement ; et ce, afin que ce dernier n’eût pas la faculté de reproduire les mêmes candidats à la même session. Mais tous ces orateurs repoussèrent les argumens du message du Sénat avec plus ou moins d’aigreur ; ils lancèrent des traits contre ce corps, en rappelant les faite de l’année précédente entre les deux branches du corps législatif, notamment la substitution que le Sénat avait opérée, de son chef, dans la loi rendue sur les douanes.

Le rôle que le représentant D. Saint-Preux jouait dans l’Opposition, mérite une mention particulière du discours qu’il prononça dans cette séance : aussi bien ses lumières supérieures à celles des autres orateurs lui valent cette distinction. Répondant d’abord à certaines paroles de son collègue Roquirol, qu’il considérait comme un fait personnel, il dit :

« Les principes que je professe me donnent la conscience de toujours rendre hommage à la vérité, alors même qu’elle fait honneur à mes plus acharnés et puissans ennemis. Le représentant Roquirol m’aurait-il fait l’injure de penser qu’il m’arrive d’être flatteur quelquefois, et que c’est pour plaire que je l’ai dit et que je le répète encore : Sous aucun gouvernement le peuple haïtien n’a eu plus de garanties, contre l’arbitraire et le despotisme, qu’aujourd’hui. »