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aussi que, par son insistance, elle avait réussi à amener Boyer à ne pas compter sur sa seule puissance, et à consulter le Sénat sur la solution qu’il fallait donner à cette importante question. C’était là, sans doute, un grand résultat obtenu en faveur du gouvernement représentatif. Mais, après tout le tapage qui avait eu lieu à la Chambre ; après avoir entraîné la majorité de cette assemblée et de nombreux citoyens dans le public à penser comme elle, — que le Président d’Haïti devait fournir une liste générale, unique, de quinze candidats pour l’élection de cinq sénateurs ; après la mésintelligence survenue l’année précédente et subsistante encore entre la Chambre et le Sénat, l’Opposition aurait cru déchoir, perdre son « pouvoir d’opinion, » se suicider enfin, si elle s’était rangée purement aux opinions émises par le Sénat et par le Président d’Haïti dans leurs messages.

Dans sa séance publique du lundi 30 septembre, la Chambre entendit la lecture de ces messages. Son président H. Dumesle dit : « qu’elle devait prendre un délai moral afin d’y réfléchir et d’y répondre avec la sagesse qui convient à la représentation de la nation. » Plusieurs représentans insistèrent pour que la Chambre, au contraire, prît immédiatement une décision ; mais D. Saint-Preux appuya le président pour ajourner la décision au vendredi 4 octobre : « Messieurs, dit-il, moi aussi, moi-même je puis céder comme beaucoup d’entre nous ; mais avant de céder, il faut mûrir, il faut approfondir cette question de l’élection des sénateurs. » On alla aux voix ; une quinzaine de membres votèrent pour la décision immédiate, la majorité pour l’ajournement au 4 octobre. Douze orateurs s’inscrivirent pour parler sur la question.

L’auditoire était nombreux ; il allait être plus nombreux encore à cette nouvelle séance. Des murmures d’improba-