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rieure de la République, sinon la mission de représentant est une dérision, une comédie où nul citoyen dévoué, nul homme de bien, nul homme éclairé n’acceptera désormais de rôle… Qu’on se le persuade ; la tranquillité sera inébranlable, lorsque l’inviolabilité sera une garantie réelle et non le privilège du mal, que les députés auront le courage d’émettre leurs opinions au milieu des dangers les plus imminens… Tout ce qui n’est pas principe est arbitraire : la théorie du pouvoir d’opinion découle de la constitution qui pose la stabilité civile et politique de la nation sur des bases solides. Il est donc démontré que cette théorie du pouvoir d’opinion n’est pas une chimère, non plus une création d’esprits turbulens et de folles imaginations…

» Vingt-cinq années forment l’âge requis pour être représentant. C’est donc implicitement entendu que la pétulance et la candeur de jeunesse, dont il ne faut point se corriger avant le temps, sont des conditions représentatives… Si donc les débats de la Chambre n’offrent pas ces tièdes méditations, ce calme injustement exigé, ne serait il pas raisonnable d’imputer au tempérament des députés l’émotion irritante de la parole et le bouillon du patriotisme avec lesquels ils expriment leurs opinions ?

» Le Sénat est modérateur par devoir et par cette prudence qui est inséparable d’un âge refroidi. Si ses actes cessent d’être l’image de cette modération qui est l’unique puissance qui ne trahit pas, de cette impassibilité qui n’aliène jamais la prééminence du sage ; si ses actes, dis-je, sont la triste peinture des mécomptes d’une rivalité illusoire, très-poliment le Sénat nous permettra de renvoyer tout entier le compte-rendu de sa députation à ses auteurs… Le Sénat n’a pas le droit de censurer la conduite de la Chambre…