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par eux, soit nommés d’office, pour défendre leur cause ; ces officiers ministériels remplirent leur devoir, mais les faits étaient plus éloquens[1].

Le 18 mai, le conseil spécial condamna à la peine dé mort Augustin Gabriel, Raymond, Desfontaines, Corvel, Michel Abraham et Augustin Mercier, et à trois années de réclusion tous les autres accusés. Le lendemain matin, les cinq premiers subirent leur condamnation au Port-au-Prince ; Augustin Mercier fut envoyé à Léogane où il fut exécuté.

En sortant de l’audience, après le prononcé du jugement, Raymond avait dit aux juges : « Je vous fais mes compliments, magistrats. » Et Augustin : « Quoi ! je vais mourir pour d’autres ! » Sur le lieu d’exécution, le premier dit au public, « que le peuple avait un bandeau sur les yeux qui l’empêchait de voir que le gouvernement le trahissait. » Tous s’accordèrent à espérer « qu’ils se raient vengés par la Chambre des communes[2]. »

On reconnaît, dans ces paroles, l’influence exercée sur l’esprit de ces conspirateurs, par les actes de l’Opposition dans la Chambre des communes et surtout, en dernier lieu, par son adresse du 27 avril. Si des hommes éclairés étaient satisfaits de son langage, de ses prépositions au pouvoir exécutif pour en obtenir tout ce qu’elle considérait comme des améliorations au système gouvernemental et administratif, les ignorans traduisirent ces vœux en accusations contre le Président d’Haïti, et ils se crurent autorisés a employer l’assassinat et le pillage des deniers publics pour améliorer leur situation personnelle. Le danger du régime

  1. C’étaient MM. Laborde, D. Lespinasse, Sanders, Mullery, Daphné, Zamore et Nathan.
  2. Tous les condamnés à la réclusion furent internés dans plusieurs communes de l’Est, ou ils restèrent jusqu’en 1843. Alors, on proclama qu’ils étaient dès victimes innocentes de la tyrannie de Boyer.