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C’était, pour le pouvoir exécutif, l’occasion de se mettre à la tête des réformes demandées par l’Opposition et désirées par l’opinion publique. Mais Boyer ne comprit pas cette situation grave des esprits ; il mécontenta même la majorité de la Chambre qui avait sacrifié les principes constitutionnels au repos public, en la laissant dans une inaction pénible à sa dignité. Le prétexte dont il se servit pour se conduire ainsi fut la catastrophe produite par un affreux tremblement de terre.

Le 7 mai, toute l’île d’Haïti éprouva ce fléau qui porta ses ravages surtout dans sa bande septentrionale : plusieurs villes furent renversées et des milliers de personnes périrent sous leurs décombres.

Vers la fin de cette année, la capture illégale de deux bâtimens espagnols par un garde-côtes de l’État occasionna une affaire désagréable au gouvernement, qui refusa d’abord toute indemnité aux capitaines qui en réclamaient pour avoir été détournés de leur route. Mais, sur la réclamation faite par le gouverneur de Cuba, cette indemnité fut payée par le trésor public.

L’Opposition exploita cette affaire, pendant que dans le département du Sud, elle se préparait à une prise d’armes contre le gouvernement.

L’incendie d’une partie de la capitale, en janvier 1843, en fut le signal. Les opposans de cette ville provoquèrent cette insurrection, en assurant ceux des Cayes que cet incendie avait excité une nouvelle indignation contre Boyer.

Le 27 janvier, l’insurrection fut proclamée dans la plaine des Cayes, par le chef de bataillon Charles Hérard aîné, de l’artillerie, reconnu « chef d’exécution des volontés du peuple souverain et de ses résolutions, » d’après le manifeste révolutionnaire rédigé par la « société