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d’exécution des volontés du peuple souverain, sont allés tous trois mêler leurs cendres sur la terre étrangère, après avoir souffert des douleurs de l’exil et gémi encore plus devoir leur pays natal livré aux horreurs d’une odieuse et barbare tyrannie…

Cette pénible expérience sera-t-elle perdue pour Haïti ? Tous ses citoyens éclairés, quelle que soit la nuance qui a séparé leurs opinions politiques, ne sentiront-ils pas la nécessité de s’unir entre eux pour ne plus déchirer le sein de cette patrie commune, pour travailler de concert, au contraire, au maintien de la paix publique ? L’union la plus intime entre tous ses enfans est le devoir le plus sacré qu’ils aient à remplir envers elle. L’union, c’est la force, c’est le moyen pour eux d’être heureux sur cette terre de merveilleuse fertilité : elle seule peut garantir l’indépendance nationale, la possession de tous les droits, de toutes les libertés du peuple.

Que tous les citoyens doués de quelques lumières n’oublient jamais, néanmoins, qu’il n’est pas un seul droit dans l’état social qui n’ait un devoir corrélatif : réclamer les uns sans accomplir les autres, c’est vouloir jeter la perturbation dans l’ordre matériel et dans l’ordre moral, au grand détriment de tous. Ils ne sont pas moins tenus à se défier des idées de perfectionnement incessant dans les institutions, parce que ce serait agiter inutilement les esprits pour n’y substituer le plus souvent que de vaines théories.

Lorsque le pays a le bonheur de posséder un gouvernement éclairé, modéré par ses lumières mêmes, ayons tous la modestie de le croire aussi patriote que nous, et laissons-lui le temps de mettre en pratique le système d’administration qu’il a jugé convenable aux circonstances et aux intérêts généraux de la société.